Category: Poésie
L’homme aux cheveux longs
Une rose qui pique
Ne m’oubliez pas Ulysse, je resterai votre Pénélope. Ne m’oubliez pas Roméo, je resterai votre Juliette. Ne m’oubliez pas Kaiss, je resterai votre Leila. Ne m’oublie pas Marius, je resterai ta Cosette. Ne m’oublie pas Henry, je resterai ta Lucy. Ne m’oubliez pas Candide, je resterai votre Cunégonde. Ne m’oubliez pas Shahryar, je resterai votre Shehrazade. Ne m’oubliez pas Albert, je resterai votre Aurore. Ne m’oubliez pas Werther, je resterai votre Charlotte. Ne m’oubliez pas Duc de Nemours, je resterai votre Dame de Clèves. Ne m’oublie pas Bosie, je resterai ton Oscar. Ne m’oublie pas Rinri, je resterai ton Amélie. Ne m’oubliez pas Bajirao, je resterai votre Mastani. Ne m’oublie pas Julien, je resterai ta Sophie. Ne m’oublie pas Rodolphe, je resterai ton Emma. Ne m’oubliez pas cher Amant, je resterai votre Duras. Ne m’oublie pas Félix, je resterai ta Fantine. Ne m’oublie pas Georges, je resterai ta Clotilde. Ne m’oublie pas Abellatif, je resterai ta Jocelyne. Ne m’oublie pas Duke, je resterai ton Allie. Ne m’oublie pas Tristan, je resterai ton Iseult. Ne m’oublie pas Antar, je resterai ta Abla. Ne m’oublie pas Peggy, je resterai ta Françoise. Ne m’oubliez pas Fitzwilliam, je resterai votre Elisabeth. Ne m’oublie pas Louis, je resterai ton Elsa. Ne m’oubliez pas, parce qu’avec tous ces personnages, je m’y perds et j’y perds mes souvenirs, de vous et de nous. Gardez-moi une place dans votre cœur et faites de moi, votre rose, Petit Prince. Une Rose hautaine et qui pique, mais uniquement pour que vous vous souveniez, le jour où j’oublierai.
Nager en Atlantique
L’eau coule et s’enroule
Autour de son corps mince
Ses seins pointent et balancent
Sous le poids du sel
Elle plonge la tête
Ouvre les yeux
Ça pique, ça l’embête
Elle les ferme, c’est mieux
Une force brute l’embarque
Une vague l’attaque
Elle l’emporte sec
Et se casse avec
Les rougeurs stigmates
Des frottements du sable
S’apaisent au contact
De l’écume trouble
Le nez coule
La bouche quémande
De l’eau douce
Honorable amende
D’un corps qui souffre
Pour que vive le souffle
Amour, péché capital
Rupture citadine
Avec la certitude
De toujours aimer
Lui ou un autre
Que tourne la montre
Ou filent les altitudes
Elle finit par le quitter
Un au revoir définitif
À cet arrêt de métro
Théâtre d’un combat épique
Digne d’une savane d’Afrique
Contre leur amour éruptif
Rugirent les égos
Elle tourna les talons
Animal blessé
Il la vit partir
Sans la retenir
Point de cendrillon
Conte mal achevé
Pluie d’été
Et les cigales chantaient
Jour d’été
Jour de guerre
Jour daté
Jour sans air
Personne ne sait
Tout le monde erre
Enfant et mère
Dans un tramway
Maisons en bois
Nénuphar en fleur
Chien qui aboie
Saules Pleureurs
Foudre du Pacifique
Beauté cynique
Mort fatale
Mal banal
Plaies radioactives
Peaux carbonisées
Amours amputés
Douleurs vives
Un jour, un petit enfant tua des milliers d’autres petits enfants.
Et les cigales continuèrent à chanter.